mercredi 31 juillet 2013

Habitude



Je tombe toujours sur les mêmes  personnes, sur le même genre d’individus quand je monte dans le wagon ou dans la rame de métro. Et peu importe la destination, le numéro de la ligne, l’heure et le jour !
A chaque fois, c’est le même scénario: soit je monte et ils sont déjà là, en place et je n’y ai vu que du feu. Soit, ils montent dans mon wagon et ils se placent en face de moi, enfin toujours dans ma ligne de vue, à portée de ma mire. 
Je connais leurs discours presque par cœur, car il est aussi déclamé avec cœur. Les mots sont souvent couverts par les bruits saccadés des roues frottant sur les rails à peine usés depuis que le métro est métro.
Alors ils haussent le ton pour se faire entendre et là, leur voix fuse et fusèle dans le compartiment et on peut capter, intercepter …sans emploi (…) ticket (…) petite pièce (…) voyage et merci.

Je les regarde et j’essaie à chaque fois de comprendre ce qu’ils nous jettent à la face, à nous bien à l’abri dans le wagon. Je donne ce que je peux, un regard, un sourire, un désolé… je sais que ce n’est pas avec ça qu’on mange mais parfois c’est pris au vol et ça reste peut-être inscrit quelque part dans leur journée.

Et ça se termine toujours de la même façon.
Je descends avant eux, les laissant à leur chanson ou à leur quête sans jamais insister avec  une pudeur et un déterminisme caché, un paradoxe réel, une contradiction affichée.
Ou bien ils sortent pour envahir de leurs doléances le wagon précédent, suivant un vrai chemin de croix et de fer.
J’entends leur plainte un laps de temps, celui de leur trajet.
Font-ils partie à ce point de mon paysage de désolation quotidienne pour être oubliés une fois  la porte du wagon refermée ? 
Je ne sais plus…Je ne veux pas m’habituer à tout… M’en rendrais-je compte si c’était le cas ? 
Je ne sais pas…

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